S'il m'arrive souvent de participer à la mise au point de kits Silence Model en assemblant et testant en vol des kits "prototypes" que m'envoie Pascal Cepeda, ce n'est pas le cas cette fois-ci. Ce Javelot II est le fruit de la collaboration entre Pascal et Didier Caldara, ce dernier ayant en fait conçu et construit son Javelot II en 2009. Quand Pascal l'a découvert lors d'une rencontre de planeurs en vol de pente dans le sud, il a craqué dessus et Didier en a fait cadeau à Pascal, pour sa collection de modèles venant de personnalités de l'Aéromodélisme… Didier, dont les plans semblaient égarés depuis des années, s'est remis à la planche à dessin et a refait un plan, lequel a ensuite été adapté, simplifié, afin de le rendre productible sous la forme d'un kit découpé laser… Trois kits prototypes seront assemblés, par Pascal, par Didier et aussi par Fabrice Gogneau, pour la mise au point. J'ai vu le modèle de Fabrice au vol de pente de Mâcon en 2024, mais aussi des photos envoyées par internet de celui de Pascal, et j'ai alors su que dès qu'il serait disponible, j'en achèterais un ! Et c'est chose faite, mon exemplaire est prêt avec 2 semaines d'avance pour participer au vol de Pente de Mâcon 2025 !
C'est en mars 1958 que le (très) jeune Jean-Louis Coussot respire l'air pour la première fois et pousse son premier "Ouinnnn !"… Quatorze jours plus tard, le prototype du Javelot II de Wassmer, connu sous la référence WA-21, fait son premier vol…
Il est dérivé du WA-20 Javelot (tout court ou une fois le II sorti, Javelot I), planeur conçu par Maurice Collard et permettant aux clubs de disposer d'un planeur simple avec des performances correctes (pour l'époque), et capable de remplacer les vieux planeurs d'origine allemande (les Avia 15 sont encore en service…) ou la première génération de planeurs Français d'après guerre comme les Air 100. Le fuselage est en tubes soudés (comme un Piper Cub), la voilure est en bois. La cabine est vaste et confortable (là encore… pour l'époque).
Le passage à la version II permet de mettre le Javelot à la nouvelle norme des planeurs "standards" avec une envergure de 15 mètres (la première version faisait 16 mètres), une forme de l'arrière de la verrière modifié, une aile en trois panneaux au lieu de deux, et des ailerons en deux parties dont les débattements diffèrent. Soixante-trois exemplaires seront construits et il restera un planeur très utilisé dans les clubs tout au long des années soixante à quatre-vingt. Il sera alors le premier "monoplace" de bien des vélivoles, celui du murissement, celui des premiers vols sur la campagne... Il équipera aussi les centres de vol à voile de l'Armée de l'Air, et c'est pourquoi on trouve des Javelots II avec la cocarde tricolore ! Sacré warbird...
En 1961, il sera suivi par le WA-22 "Super Javelot", le plus souvent surnommé "Super Jav", à la dérive en flèche et au nez mieux profilé par un habillage en fibre de verre, et qui recevra en 1963 des panneaux d'ailes externes avec un dièdre nettement augmenté. Les ailes seront aussi totalement coffrées.
Envergure : 15,00 m
Longueur : 7,06 m
Surface alaire : 14,4 m2
Poids à vide : 200 kg
Poids max : 350 kg
Finesse : 28
Vitesse max : 195 km/h
Le plan ci-dessous est celui réalisé par Jacques André en 2013, qui en a réalisé une maquette souvent vue en compétition.
Il est dessiné à partir des plans de Wassmer Aviation.
Quelques photos de WA-21 Javelot II trouvées sur le net.
Comme je l'ai dit en introduction, l'origine du kit est un modèle conçu et réalisé par Didier Caldara, bien connu du monde modéliste (surtout des modélistes qui comme moi sont toujours jeunes dans la tête... et moins dans les articulations !), mais qui a été lui-même vélivole et a bien connu ces machines, apprenant à piloter sur le Bijave qui est le biplace dérivé des Javelots... C'était une bonne raison pour faire un Javelot II en RC !
Il a un peu adapté les formes pour rendre le modèle, de taille réduite puisqu'à l'échelle 1/10, soit 1500 mm d'envergure, facile et tolérant. ainsi, les cordes d'ailes sont nettement augmentées (17 cm pour le plan central, qui ne devrait en faire que 11...). Ainsi, la surface est généreuse et la charge alaire très réduite. Toutefois, il a bien détaillé son modèle ! Déjà sur ce modèle de 2009, les panneaux externes sont interchangeables : pour piloter en 2 axes ou en 3 axes !
Une page sur l'histoire complète du prototype du Javelot II en 2009 par Didier Caldara est disponible sur le site des GPR de Gérard Risbourg :
http://lesgpr.free.fr/construire/javelot-2/javelot-2.htm
Ci-dessous, le premier Javelot II de Didier Caldara, en compagnie d'un JP 15-36 BLS. Notez la forme de l'avant de la verrière.
Quelques photos que Didier m'a envoyé de son premier javelot II. Cliquez sur les vignettes pour les agrandir.
Et on a même la photo de l'instant où Pascal Cepeda a craqué sur le Javelot...
C'était le 21 oaût 2018.
Il est reparti dans son sud-ouest avec !
Pour en faire un kit très accessible, Silence Model a encore un peu simplifié certaines formes, en particulier le nez : la verrière du réel plonge nettement en un arrondi typique. Pour faciliter la construction, la ligne de référence du fuselage, qui est la droite partant de l'arrière du plan fixe du stab jusqu'à la cabine, a été prolongée jusqu'au nez. Ceci permet de construire tout le fuselage inférieur "à l'envers" sur le plan de travail, et de n'avoir ensuite qu'à habiler le dos. Le baquet de cabine devient tout plat, là encore un gros avantage pour une construction simple accessible à des modélistes à l'expérience de la construction encore limitée.
Pour le reste, on est très proche du modèle de Didier, avec simplement une adaptation des pièces à la découpe laser.
Tout comme Didier l'avais imaginé sur son modèle de 2009, le kit propose de réaliser des panneaux externes des ailes avec le faible dièdre conforme au réel et des ailerons, mais aussi des panneaux sans ailerons, avec un dièdre prononcé, pour un pilotage 2 axes ! Et on dispose vraiment de toutes les pièces pour fabriquer les deux jeux de panneaux d'ailes dans le kit ! On pourra ainsi avoir deux planeurs en un si on le désire... (Pour ma part, je vais me contenter de la version 3 axes, mais... je trouverais bien une utilité aux panneaux deux axes un jour... Rien ne doit se perdre !)
Et me voilà avec mon Javelot II Silence Model, terminé trois petites semaines avant la rencontre de vol de pente de Mâcon 2025, lors des premiers vols en pente, avec la superbe Roche de Solutré en fond.
Annoncé en nouveauté à venir dans le catalogue Silence Model paru fin 2024, le kit sort en mai 2025, juste à temps pour le vol de pente de Mâcon... Pascal a bien voulu m'expédier le 1er kit de série avec quelques semaines d'avance, pour que je puisse le présenter lors de la rencontre. Il m'a fallu très exatement 2 semaines pour l'assembler et faire le premier vol.
Nom du kit : Javelot
Fabricant : Silence Model (https://silencemodel.fr/)
Page produit : https://silencemodel.fr/kit-de-0-a-1990-mm/1721-javelot-ii-1500-mm.html
Prix : 198 € (au 20 mai 2025)
Envergure : 1500 mm
Longueur : 810 mm
Surface alaire : 22,36 dm2
Poids annoncé : 600 g
Poids obtenu : 642 g (avec ajout de crochet de remorquage, pilote réaliste, détails maquettes, boîtiers de servos d'ailes...)
Charge alaire annoncée : 27 g/dm2
Charge alaire obtenue : 28,7 g/dm2
Profil d'aile : Eppler 193
C'est donc le vendredi 2 mai 2025 que le facteur sonne à la porte... Je ne savais même pas que le kit était parti, Pascal ayant alors mis le cap sur l'Irlande pour sa semaine de vol de pente de printemps annuelle... Pas le temps de niaiser, je déballe ! La boîte sort du carton d'emballage hyper renforcé et... Avant même d'ouvrir, je sais qu'il y a du monde dedans... C'est dense, très dense ! La boîte est petite, mais il y a dedans de quoi faire un planeur maquette de 1500 mm et avec même deux variantes d'ailes...
Avant tout, un regard à l'étiquette illustrée par une photo du proto monté par Pascal qui a choisi un décor "Armée de l'Air". Le site de la DGAC montre que le réel est radié et d'après le registre publié sur le site des avions Wassmer, il serait radié depuis... 1962 ! Courte carrière. Le modèle de Pascal en aura assurément une plus longue.
Et on trouve un très grand nombre de planchettes de balsa et de contreplaqué découpées laser, des baguettes de balsa et de pin, des profilés, quatre clés d'ailes en corde à piano, un plan roulé, un sachet d'accastillage et des caches de servos d'ailes thermoformés, sans oublier un logo "Javelot" en vinyle adhésif. Va y avoir "un peu" de boulot, mine de rien !
Le plan déroulé ! Imposant, détaillé, et on note les deux variantes pour les panneaux externes de la voilure.
Le sachet d'accastillage vu recto et verso.
Note : Les photos des diaporamas sont "cliquables" pour les voir en plus grand. De plus, certaines photos ont des légendes, que vous pouvez voir de deux façons :
Soyez curieux !
Attention, le bouton d'agrandissement sous et à droite des diaporamas affiche les images en plein écran, mais san légende dans ce cas...
Certains diaporama démarrent automatiquement... Pour d'autres, à vous de les lancer ou de sélectionner une photo... Testez !
Vous pouvez mettre les diaporamas en pause et sélectionner manuellement la photos que vous voulez regarder plus longuement (Bouton sous et à droite du diaporama avec deux barres verticale, qui devient ensuite une flèche pour relancer la lecture automatique.)
Son montage est très classique, avec la pose des coffrages et chapeaux de nervures d'intrados sur le chantier, puis, collage des longerons inférieurs en pin, pose des nervures, des longerons supérieurs, du faux-bord d'attaque, du bord de fuite, avant de coffrer l'avant de l'extrados et de poser les chapeaux de nervures supérieurs. Les tubes de clés d'ailes seront également collés. Pour ma part, avant de refermer de dessus, j'ai mis en place des rallonges de servos, plus faciles à passer que quand ce sera refermé.
Leur construction est très semblable à celle du plan central, si ce n'est qu'il y a des baies pour recevoir les servos d'ailerons, de faux bords de fuite, et des ailerons en balsa profilé qu'il faudra ajuster par ponçage. Cette fois, pas besoin de passer de fils pour les servos, la mise en place une fois le modèle entoilé est facile en passant une ficelle pour tirer le fil de servo. On y retourne !
Le fuselage possède une ligne de référence parfaitement horizontale. Le kit est conçu avec une plaque de contreplaqué posée à plat sur le chantier qui correspond à cette ligne de référence. Ainsi, on va monter d'abord tout le dessous du fuselage sur cette plaque, en travaillant fuselage "à l'envers". ceci permettra d'avoir un fuselage parfaitement droit et rigide, reprenant tous les efforts. Le dessus sera monté dans un second temps "en l'air", ainsi que le cadre de verrière. On y va ?
Pour commencer, une fois encore, repérez les pièces dont vous avez besoin, détachez-les des planchettes et ébavurez-le.
Ensuite, sans une goutte de colle, faites un premier assemblage "à blanc" de la "barque" pour bien vous repérer dans les couples et les différentes platines.
Maintenant, nous pouvons passer sur le chantier de montage ! Gros diaporama pour la réalisation de la barque...
Petite étape après ce gros morceau... Le bloc de nez et la préparation du patin.
Sur la base de la barque, on va pouvoir assembler "en l'air" le dos du fuselage, et en profiter pour installer les gaines de commandes de direction et de profondeur.
S'il est louable que Silence Model ait facilité le travail avec ce plancher plat du nez à la queue, je dois avouer que l'absence du "plongeon" à l'avant de la verrière me chagrinait, car il fait vraiment partie des éléments visuels les plus caractéristiques du Javelot… J'ai longuement hésité entre rester simple ou faire plus réaliste… Le thermoformage de la bulle offrant très largement de la marge pour avoir un look plus maquette, j'ai finalement pris la décision de modifier le nez… Chacun verra midi à sa porte et choisira de rester tel que le kit le propose, ou de modifier pour plus de réalisme.
Petite étape, mais qui demande un peu de soin, la réalisation du carénage recouvrant le centre de l'aile. celui-ci doit rester démontable, il ne sera pas collé sur l'aile, car on ne pourrait pas alors fixer l'aile avec les vis sans faire de vilains gros trous.
Il est prévu de façonner un verrou qui retiendra à la fois la verrière et ce carénage. Mais comme je voulais faire le concours au VDP de Mâcon, je n'ai pas voulu que le verrou se voie… J'ai donc bricolé un système de verrou pour la verrière passant sous l'aile avec une tirette à peine visible sous le bord de fuite droit, tandis que le carénage du dessus de l'aile est maintenu par une petite vis discrète au niveau de son couple avant. (Ce sera visible dans un chapitre suivant, car réalisé après installation radio.)
Pour les servos, j'ai sorti quatre Kavan GO 9+ des tiroirs, pour les ailerons, la profondeur et la direction. Un cinquième eut été le bienvenu pour le crochet… Mais mon stock était épuisé, alors j'ai sorti un Tower Pro SG90. Les cinq servos sont des "9 grammes", les Kavan qui géreront les gouvernes étant digitaux.
Le récepteur retenu (parce que disponible… 5 voies auraient été suffisantes) est un Graupner "GR-18 + 3xG + 3A + Vario HoTT- 2.4 GHz" (le nom est un peu long…). C'est un 9 voies avec gyros et accéléromètres 3 axes, avec altimètre et variomètre intégrés.
Pour l'alimentation, j'ai opté pour une batterie Li-Ion (SM-Ion de Silence Model) en 2S 680 mAh avec un régulateur RoBEC 4A. Pas d'inter, la connexion par XT30 sera plus fiable !
L'installation radio a été préparée avant entoilage. Les servos de direction et de profondeur se logent sur la platine prévue. Pour le servo du crochet, j'ai fabriqué une mini-platine supplémentaire collée contre le flanc droit. Une petite gaine a été mise en forme en la chauffant afin que la fine corde à piano (0,8 mm) débouche au-dessus du trou du crochet avec un angle adapté. Un trou de 6 mm a été percé sous le nez et pour renforcer l'ouverture, un petit tube en alu a été collé dedans. Une patte en CTP maintien la gaine juste derrière le trou, et la gaine traverse un couple avant d'arriver à proximité du servo.
Pour le récepteur, celui-ci étant doté de gyros, il lui fallait une assise parfaitement horizontale et stable. J'ai donc fabriqué un petit plancher en contreplaqué de 0,8 mm, qui reçoit le récepteur via une mousse double-face.
De même, j'ai initialement prévu un petit plancher dans le compartiment avant pour recevoir la batterie, tenue par du Velcro adhésif. Mais lors des premiers essais, j'ai trouvé le centrage un peu trop avant et depuis, la batterie est passée en position transversale, contre le second couple… Toujours tenue par du velcro adhésif.
Le carénage du dessus d'aile a reçu une cloison derrière son couple avant, pour supporter un écrou à griffes M3, et une autre cloison a été posée dans l'arceau du fuselage à l'arrière de la verrière. Ceci permet de fixer le carénage avec une discrète vis M3 à tête fraisée. Pour la verrière, la gaine a été placée sous le plan de pose de l'aile avec la sortie au niveau du bord de fuite droit, et côté verrière, une patte pour tenir la gaine centrée até ajoutée? Une autre patte a été collée sous l'arrière du baquet de verrière. Le verrou ainsi obtenu est nettement moins visible qu'une tirette "sur le toit".
Il reste un bon ponçage général à faire, ajuster l'épaisseur des ailerons pour correspondre parfaitement avec les panneaux externes des ailes. Une mise en croix pour vérifier les équerrages et ajuster si nécessaire… Et on peut maintenant regarder à quoi ressemble notre cellule !
Il me fallait choisir un décor d'un Javelot II existant. En début d'essai, je vous ai présenté quelques photos de Javelot II réels, trouvées sur internet, et qui étaient ma première "sélection"… Il restait à choisir lequel… C'est sur le F-CCHK dans son décor d'origine que j'ai jeté mon dévolu. On trouve des photos plus récentes du même planeur qui semble appartenir de nos jours au club de Marmande et qui est blanc avec quelques éléments rouges… Un peu fade. Le décor d'origine est typique des planeurs et remorqueurs qui étaient confiés aux clubs de vol à voile par le SFA si mes souvenirs sont bons. Du bleu, du blanc, et des extrémités rouges, pour être bien visible en vol. De plus, l'unique photo du F-CCHK dans ces couleurs a été prise à Beynes en 1977… A cette époque, je volais à St Cyr en grandeur, mais je passais souvent à Beynes avec mes parents et donc, j'ai eu l'occasion de voir ce planeur décoller derrière les Rallye aux mêmes couleurs, ou revenir se poser après survol du val des 4 pignons… Je n'ai bien sûr jamais volé à son bord, mais je l'ai forcément observé en rêvant… Le choix s'imposait alors !
L'entoilage a été fait au film thermorétractable Kavan. Pour les immatriculations, je les ai découpées dans du vinyle adhésif blanc avec ma Silhouette Cameo 4. J'ai ajouté aussi quelques détails
découpés en adhésif, comme les faux aérofreins à l'extrados et à intrados, les trappes de visite des renvois d'ailerons et d'aérofreins à l'intrados, les prises statiques de chaque côté du nez et la
plaque d'identification côté gauche sous la verrière. Bien visible sur la photo du réel, la "fermeture éclair" sur l'arrière du flanc gauche donne accès à la fixation du stab et de la commande de
profondeur… Là encore, je l’ai figurée avec un filet découpé en adhésif.
Le baquet de cabine a été peint en noir avant assemblage final du tableau de bord, le pilote a été peint puis collé à l'époxy. La bulle pouvait alors être collée (à la Uhu Por) avant de procéder au masquage et à la peinture du tour et des arceaux de cabine. Une fausse petite fenêtre sur le côté gauche est figurée en adhésif découpé. J'ai après les premiers vols ajouté… le fil de laine sur le dessus de la verrière, indispensable !
Les ailerons sont articulés par du ruban adhésif "Scotch cristal" à l'extrados. Les guignols en fibre fournis ont été collés à la cyano. Pour les servos d'ailerons, j'ai réalisé des boîtiers sur mesure en impression 3D après modélisation sou Fusion 360. Les fils sont passés dans le panneau en utilisant une ficelle pour les tirer, puis, les boîtiers sont collés en place. Une pièce d'entoilage vient masquer le servo et le boîtier et deux vis immobilisent le servo. Je n'ai pas utilisé les caches blancs fournis, pour ne pas dégrader le décor. Les panneaux externes sont enfilés sur les clés (les tétons d'incidence ont été collés à l'arrière des nervures d'emplanture des panneaux externes), les servos sont branchés sur les rallonges en place dans le plan central, et de fines bandes de vinyle adhésif viennent verrouiller les panneaux externes sur le plan central, en figurant au passage les caches en aluminium qui sont sur le réel. Une petite différence de couleur aussi bien du blanc de l'extrados que du bleu à l'intrados les mets en relief.
Il reste à poser le patin sous l'avant, avec trois vis et deux silentblocs. J'ai aussi ajouté un patin de queue, pour ressembler au maximum au réel.
Les saumons ont été entoilés en rouge après mise en forme. Je les ai un peu modifiés par rapport au kit, car ils débordaient bien trop à l'extrados, ce qui n'est pas le cas sur les réels… Ils ont ensuite été collés à la cyano.
Il restait à mettre en place les commandes de direction et de profondeur, en soudant les queues de chapes fournies sur les cordes à piano… Opération simple et rapide !
Le Javelot II terminé, il restait à le passer sur la balance de centrage… Et la bonne surprise, ça a été de trouver un CG à 53,1 mm avec la batterie à plat dans le nez, pas un gramme de lest… Les ajouts persos (Crochet de remorquage, aménagement cabine…) "coûtent" une quarantaine de grammes de plus que ce qui est indiqué… Mais vu la charge alaire, pas de quoi s'en inquiéter. 642 grammes, même pas besoin de l'immatriculer sous Alpha Tango ! Et la charge alaire à 28 g/dm2, ça me semble parfait !
Lors des premiers vols, je vais toutefois trouver le centrage un peu trop avant (mais la valeur sera bonne pour un pilote à l'expérience moyenne) et je vais reculer le CG sans modifier le poids total, juste en repositionnant la batterie "en travers" et reculée contre le second couple. Je vais ainsi passer à 55,4 mm…
Le Javelot sur la balance de centrage... le verdict va tomber !
642 grammes, et un centrage parfait d'origine, que demander de plus ?
Après les premiers vols, la batterie est repositionnée pour centrer à 55,4 mm.
Une mini cloison a été ajoutée pour supporter le velcro adhésif.
A peine terminé, j'ai profité d'une belle fin d'après-midi pour emmener le Javelot II en Plaine de Saône pour quelques premières photos statiques et pour procéder à deux premiers vols (brefs), juste sur des "lancers-main", histoire de vérifier qu'il n'y a pas un gros loup caché… Les hautes herbes faisant un matelas confortable, il y a peu de risque de casse !
Et ces deux lancers ont montré que petit Jav' partait tout droit, aucune inclinaison à corriger, juste la profondeur à soutenir au premier lancer, et avec quelques crans de trims, dès le second, il m'a fait marcher assez loin pour estimer qu'il était "bon de vol", en pente ou en remorquage.
Ainsi, dès le lendemain, c'était cap sur Massilly où un vent moyen du sud est nous attendait, et Dominique s'est vu promu "remorqueur", puisqu'il possède mon ex-Fun Cub XL Multiplex, plus que largement suffisant pour mettre PetitJav' en l'air ! 642 grammes pour un avion capable de tirer des 4 mètres pas trop lourds, ça le fait !
6 vols ont été réalisés lors de cette première séance, avec quelques affinages des réglages de débattements des ailerons, de la profondeur et de la compensation Aérofreins (ailerons relevés) vers
profondeur, histoire de le mettre " à ma main". Très bonne impression, planeur facile, qui avance bien malgré le vent sensible. Le centrage m'a semblé un peu trop avant, le test du piqué montrant une
remontée rapide… D'où le changement de position de la batterie avant la prochaine séance… Mais ça reste dans un domaine tout à fait utilisable même centré un poil avant. ce sera même bien pour des
pilotes à l'expérience moyenne. Sur ces 6 vols, j'ai même pu tester la boucle, le tonneau, le renversement… Rien de compliqué ! Des essais de mise en vrille (gyros coupés), avec juste direction
et profondeur, sans mettre d'ailerons, ont montré un départ franc, mais avec blocage franc au bout d'un tour ! Identique à gauche et à droite… Il faudra compléter ces essais avec ailerons "pour"
et ailerons "contre", lors des prochaines sorties.
Les ailerons relevés pour remplacer les AF sont efficaces, il faut par contre impérativement utiliser une fonction de réduction du différentiel quand ils sont relevés, afin de conserver de l'autorité
en roulis.
Le mixage ailerons>direction est bien utile aussi pour contrer le lacet inverse qui reste bien présent malgré un fort différentiel.
En tout cas, la première impression est excellente ! Je vous en dirais plus après des essais à la pente !
Voici les images de ces premiers essais.
Quelques jours plus tard, un créneau météo très favorable s'est présenté pour monter sur la pente Nord de Mâcon (Mont Pouilly) et j'ai pu finaliser mes réglages et apprécier le modèle dans l'environnement qui lui convient assurément le mieux.
Lancer : Le fuselage bien haut sous l'aile et la forme de celui-ci donnent une excellente prise en main et le lancer est vraiment facile, sans besoin de courir, juste une bonne
impulsion fuselage et ailes à plat et voilà le Javelot dans son élément, prenant tout de suite de la hauteur.
Etude des gouvernes : aux réglages que j'indique plus bas, les ailerons sont d'une belle efficacité, mordant même autour du neutre, et c'est pourquoi les 30 % d'expo sont
justifiés. Le taux de roulis maxi est largement suffisant pour voltiger, sans tout de même atteindre celui d'un vrai planeur de voltige ou d'un 60 pouces. La géométrie de l'aile et des ailerons fait
que le lacet inverse serait très présent sans différentiel. Même avec un fort différentiel, le lacet inverse reste sensible et il est donc nécessaire de mettre une bonne dose de direction quand on
braque les ailerons. Le mixage prononcé que j'ai adopté entre ailerons et direction s'avère efficace et annule le lacet inverse, facilitant largement le pilotage des mises en virages et sorties de
virages. La direction donne un lacet franc et un roulis induit de même sens modéré. On peut incliner juste à la direction, mais pas vraiment faire une remise à plat propre juste à la dérive, le
dièdre de la version 3 axes étant faible (ce sera bien sûr très différent avec l'aile deux axes et ses dièdres prononcés). On peut même avoir des réactions déplaisantes en tangage en tentant une
remise à plat à la direction seule. Bon, d'un côté, c'est vraiment de l'essai extrême, car on n'a aucune raison de vouloir mettre en virage ou en sortir juste à la dérive alors qu'on a d'excellents
ailerons pour ça… Mais quand je teste… je teste ! La profondeur s'est avérée très plaisante à tous les régimes de vol, précise, bien amortie. Elle suppose une commande sans jeu et sans
frottement pour un retour au neutre très précis, du fait d'un bras de levier court et d'une petite surface.
En "promenade" : Entendez par là, à la vitesse normale pour les allers-retours sur la pente, la vitesse est sympa, sans doute un peu rapide pour être maquette, mais à cette
échelle, c'est normal. Avantage, on a un planeur qui remonte bien au vent et ne passe pas son temps à faire du surplace. Les gouvernes sont nettes, les virages s'enroulent très naturellement et dès
que l'on a un peu de "rab" de portance, on envisage les demi-tours par des "oreilles" pour jouer un peu dans le plan vertical.
Grattouille : Le Javelot semble gratteur, pas autant qu'un Slider évidemment, mais pour une petite maquette, il n'aura pas besoin de bien grosses conditions pour tenir de longs
vols. En spirale, car j'ai eu la chance d'avoir quelques beaux thermiques de passage (mais qui se décalaient très vite), la stabilité est bonne, il faut garder de la direction dans le sens du virage
et le soupçon d'ailerons à contre, très classique en planeur. La prise d'altitude dans les thermiques et facile et le planeur marque bien l'entrée en accélérant et en prenant une attitude queue
haute.
Vol rapide : Si ça porte bien, la vitesse augmente facilement et on a alors un Javelot très joueur ! On peut y aller avec de belles trajectoires tendues, des virages serrés
à souhait, et faire le yoyo dans le plan vertical à loisir ! Assurément, ce petit Javelot est plus joueur que son homologue grandeur nature.
Voltige : Bien que le réel ne soit pas autorisé voltige (il y a eu au moins 1 Super Javelot autorisé voltige, le F-CCCB que Jacques Gomy présentait en meeting - et sur lequel
j'ai pu voler des décennies plus tard…), le Javelot II était un planeur solide, qui pouvait (à son époque… c'est interdit de nos jours) faire du vol en nuages avec juste… une bille aiguille !
Notre petit Javelot n'ira pas en vol de nuage, mais il est lui aussi largement assez robuste et avec des gouvernes bien efficaces pour passer la voltige de base.
Approche et atterrissage : La bonne surprise à la pente a été que le Javelot est capable de bien avancer face au vent une fois en arrière de la pente, là où ça ne porte plus
(pour ne pas dire que ça dégueule…). On peut donc faire un circuit propre et le doser assez facilement. Une fois la compensation AF-Profondeur bien réglée (rappel : les aérofreins, ce sont les
ailerons que l'on relève fortement) et si on n'a pas omis de programmer une réduction drastique du différentiel quand les ailerons sont relevés, le dosage du plan est agréable en dosant les AF et en
restant nez légèrement bas. Bref, rassurant et agréable à poser ! En plaine, j'avais déjà noté la facilité à le ramener à chaque fois sur la piste avec une précision correcte.
Gyros : Mon Javelot II est doté d'un récepteur avec gyros 3 axes intégrés. Lors des essais, j'ai volé gyros activés mais aussi désactivés. Sur la pente, la différence n'est pas
flagrante, les gyros lissent juste un peu les trajectoires, mais le planeur vole déjà "tendu" naturellement. C'est en approche derrière la crête, là où on est dans un air très turbulent que les gyros
sont très intéressants, réagissant plus vite que le pilote pour contrer des turbulences imprévisibles. C'est une grosse sécurité ! A noter que pour les vrilles, il faut désactiver les gyros,
sans quoi, ceux-ci tentent de contrer vos actions… Et bien sûr, on ne sait plus ce que font réellement les gouvernes…
Voici les réglages que j'ai retenus à l'issue de mes vols d'essais.
Je rappelle que ceux proposés sur le plan par Silence Model sont parfaitement utilisables et sont une excellente base.
Ceux que je propose sont ceux qui "mettent le Javelot à ma main".
Chacun finalisera ses propres réglages selon ses préférences.
Centrage :
55 à 56 mm du bord d'attaque à l'emplanture soit 32 % (Valeur du plan : 53 mm soit 31 %)
Débattements
Mixages
C'est l'heure du bilan et celui-ci est sans équivoque : Ce kit est une pure merveille ! La conception est remarquable, elle permet de réaliser une semi-maquette aux formes déjà évoluées (fuselage à facettes) avec des méthodes simples. Ce n'est certes pas un modèle pour débutant, mais tout est fait pour que l'on arrive à construire "droit" sans prise de tête. La qualité du kit Silence Model est… Comme d'habitude, c’est-à-dire au top ! Les découpes sont ultra-précises, le plan est d'une qualité rare, les accessoires sont bien adaptés, rien à redire !
Quant aux qualités de vol, si vous avez lu ce qui précède, pas besoin de vous dire que je suis limite bluffé par l'agrément et par les performances de ce petit modèle ! J'ai déjà largement apprécié le plaisir de pilotage du Pilatus B4 et de l'ASW-15 Evo du même fabricant, tous deux équipés de fuseaux en fibre et d'ailes avec quadro-flaps. Le Javelot est étonnant car avec une aile toute simple, sans volets, il offre un domaine de vol très vaste ! Si vous n'êtes pas fan de la programmation de multiples phases de vol sur votre radio, c'est le Javelot qu'il vous faut ! Réglages uniques et tous simples au menu…
Il me reste à attendre la rencontre VDP de Mâcon fin mai 2025 pour l'inscrire en "Maquette de moins de 3 mètres" (en fait, il en faudrait 2 pour atteindre cette taille !)… Et normalement, il y en aura au moins 3 pour en découdre face à des modèles bien plus grands… Espérons en placer au moins un sur le podium !
La première série est disponible chez Silence Model, mais je crois que la quantité est limitée, alors, ne traînez pas si vous êtes pressé ! Sans quoi, il faudra attendre la fournée suivante… Bons vols avec "PetitJav" !