C'est effectivement dans les années 80 que j'ai découvert Flight Simulator, de Microsoft et conçu par Bruce Artwick. Bien sûr, ce n'est pas "à la maison" que la première mouture a pu être testée, car à cette époque, rares étaient ceux qui pouvaient disposer d'un ordinateur individuel. Pour ma part, j'en étais aux calculatrices programmables Texas Instrument... et je passais progressivement au langage Basic avec ces merveilleux micro-ordinateurs Sharp, qui dans mon boulot de bureau d'étude me facilitaient grandement des tâches ultra fastidieuses en calcul manuel... Mon chef de l'époque avait un regard ennuyé sur ces nouvelles technologies qu'il ne maîtrisait pas et donc, qui ne lui convenaient pas... Mais on ne peut aller contre le progrès, et c'est à la même époque que la CAO entre dans le bureau d'étude, et que je suis dans les premiers à être formé, et même le tout premier de la division à obtenir un "plein temps" à faire de la conception sur écran... Pendant ce temps, notre "grand calculateur" du service, qui se trouve être mon "gourou" en matière de modélisme, Jean-Claude Lafitte pour le citer, obtient un "IBM PC", avec un des premiers logiciels de calcul de résistance des matériaux par éléments finis... Un bond technologique énorme !
Le premier écran est monochrome, mais rapidement, une nouvelle carte graphique CGA, un nouvel écran avec "quelques couleurs" et... arrivée par on ne sait quel canal, une disquette bien souple 5,25" avec marqué dessus : Flight Simulator. C'est la version II pour PC, et le midi, le repas est avalé au lance pierre pour piloter virtuellement des Cessna et Lear Jet... Très anguleux, sur un paysage des plus rudimentaires... Mais c'est magique et on y passe même sans doute un peu plus de temps qu'il ne faudrait...
FS II demandait un minimum d'imagination pour s'y croire...Mais on pouvait même pratiquer le combat aérien façon 1914, avec des "vraies montagnes" en... 2D, toutes plates, mais "solides"...
Les progrès ont été rapides, et FS3 offrit un visuel plus agréable avec 16 couleurs (le luxe), une résolution VGA (au lieu du CGA de FS II), et comme le matériel a rapidement évolué, avec les premiers PC de Hewtett Packard "Vectra", et que plusieurs bureaux commençaient à en être dotés, on en était déjà à se tirer la bourre avec quelques pilotes "réels" oubliant vraiment d'aller à la cantine...
Arrive le jour où Amstrad met sur le marché son PC abordable, avec un disque dur de 10, 20 ou 30... Mo. Là, je craque et j'ai mon PC à moi à la maison, et il est même quasiment plus puissant que ceux du bureau ! Je peux voler sur "Paris", qui me permet de retrouver mon terrain de St Cyr, Toussus, Chavenay... et cette sublime tour Eiffel sur un Paris tout jaune...
J'ai toujours cette machine, et elle marche encore !
Pour moi qui vole sur des avions juste équipés d'un compas, et pour quelques uns, d'un unique VOR, je dispose d'un équipement "full IFR" sur mon Amstrad, ce qui me permet de me familiariser avec la radio navigation. C'est d'autant plus facile que les repères VFR brillent par leur absence lors de vols un peu longs.
Un additif "Paris" sort, je saute bien sûr dessus... On est loin du Paris de France VFR actuel, mais on y croit !
Les additifs augmentant les possibilités de FS commencent à se répandre, y compris des softs pour faire de la création, c'est le début de cette communauté de passionnés qui aujourd'hui encore anime le monde de la simulation !
On est passé à la disquette 3.5", et rapidement, les additifs nécessitent plusieurs, pour ne pas dire nombreuses, disquettes... La contenance est de 360 ou 720 Ko par disquette.
Une alternative à Flight Simulator arrive sur le marché, et je l'achète bien sûr aussi, c'est ATP, plus orienté vers les avions de ligne. Il n'aura pas la carrière de FS, mais à l'époque est largement d'aussi bonne qualité. Les graphismes des tableaux de bord sont même un peu plus fins.
Notez sur la boîte la mention "5-1/4 " DISK", car on avait encore le choix entre les deux formats...
Ne vous fiez pas à la superbe photo de la boîte, les tableaux de bords étaient très similaires à ceux de FS 4...
Le marché des add-ons est parti, et la FNAC est alors mon fournisseur le plus régulier.
C'est Microsoft qui sort maintenant des additifs, New-York, Paris... Je saute sur chaque scène.
Côté commandes, pas encore de palonnier et les manches sont "super sophistiqués" avec trois boutons qui se battent en duel. Mais on peut régler la dureté du rappel, c'est "moderne".
L'Amstrad ne suis plus, et commence la valse des Unités Centrales... Un 486 DX 33 va permettre de monter en puissance, avec la carte graphique au top pour FS, le Tseng Lab ET 4000... Mais FS progresse toujours plus vite, et un Cyrix 166 sera le suivant, impératif pour faire tourner FS pour Windows 95, car désormais, on ne fonctionne plus sous DOS, mais sous Windows, ce qui demande des chevaux en plus. C'est aussi l'époque des cartes graphiques accélératrices qui boostent la carte normale, la génération 3DFX...
C'est la période où ma première cabine est construite, en appartement (voir l'onglet "Mes "Home Cockpits"). Ici, c'est mon papa qui s'essaie au pilotage, très attentif ! Cette cabine sera même l'objet d'un aticle dans la revue "Micro Simulateur".
Cette période voit se développer de très nombreux simulateurs, militaires pour la plupart. Je vais goûter à nombre d'entre eux, recherchant des graphismes meilleurs, des modèles de vol attrayants, mais mon manque de plaisir à semer la mort et la destruction me fait toujours revenir à Flight Simulator...
J'ai aussi essayé tout ce qui est sorti en tentant de marcher sur les traces de FS... Des softs qui avaient sans doute du potentiel, mais sortis avec trop de bugs, et donc disparus aussi vite qu'ils étaient venus.
La série Flight Unlimited m'a toutefois laissé de très bons souvenirs. Si la zone de vol était limitée, les graphismes enfonçaient à l'époque FS, avec des textures et des nuages donnant une nouvelle dimension à la simulation.
Avec un retard monumental au niveau des graphismes, la simulation dédiée à l'aéromodélisme se développe à son tour, sa vocation étant avant tout pédagogique. Mon métier et ma pratique du modélisme me feront tester là encore à peu près tous les softs qui arriveront sur le marché.
Depuis les débuts du genre, la simulation de modèle réduit est devenue adulte elle aussi.
Ikarus avec Aerofly va mettre la barre très haute au niveau des modèles de vol, puis enfoncer le clou avec des graphismes époustouflant. Tous les fabricants de simulateur vont suivre et les simulateurs actuels sont tous basés sur du photoréalisme, et permettent de monter à bord, voire de piloter... des avions de taille réelle. On a fait le tour, et Ikarus a même sorti en 2011 un simulateur d'aviation grandeur nature. Les deux mondes ne font plus qu'un.
Aujourd'hui, les simulateurs de vol radiocommandé sont des bijous au plan des graphismes, et les modèles de vol sont d'un incroyable réalisme. Je les pratique relativement peu, sauf quand j'en ai un à tester pour en faire l'essai dans un magazine.
Microsoft sortira la trilogie des Combat Flight Simulator, et les possibilités de vol en réseau me feront tenter l'expérience, mais je me contenterais des deux premiers opus, car décidément, descendre les autres n'est pas ma tasse de thé... Mais je dois avouer que les scènes et les avions sont de belle facture.
J'ai déménagé en province, et ma seconde cabine est construite, et évolue progressivement... FS 2000 marque une étape de plus dans la finesse des images, et réclame toujours plus de puissance. Concorde est au menu, pas pour longtemps... L'accident survenu à un Concorde va le faire supprimer des versions suivantes...
Microsoft fera le coups des deux éditions... et mon impatience fera qu'il me faudra les deux...
J'arrive dans ma maison actuelle, la cabine poursuit son évolution matérielle, tandis que FS 2002 sera une version peu utile, une habitude Mocrosoftienne de faire un FS sur deux "pas vraiment nécessaire et un peu bugé", tout comme on verra en gros un Windows sur deux "pas terrible"... FS 2000 super, FS 2002 bof, FS 2004 bien... Mais FSX... bien quand même, en dehors des énormes ressources nécessaires indisponibles à sa sortie.
Dans la cabine, c'est devenu le grand luxe avec les manettes Ch Products, super qualité, si ce n'est que l'on se connecte sur les ports série, clavier, et que les mauvais contacts sont fréquents et un peu pénibles. Mais quand les manettes de gaz deviennent aussi complexes que le manche, on ne se sert plus beaucoup du clavier.
Le super manche à retour d'effort Force Fx va m'apporter un réalisme supplémentaire, et parfois même quelque fatigue du bras et de la main, car c'est un "costaud" et on fait presque de la musculation en voltige à grande vitesse... Hélas, ses drivers ne vont pas suivre les évolutions de Windows, et l'obligation de suivre l'évolution de l'OS me fera perdre ce précieux retour de force, puis changer de matériel.
L'autre grand nom de la simulation "non belliqueuse", c'est X-Plane. C'est un "moteur" aérodynamique complètement différent de celui de FS, et je dois dire qu'il est bien difficile de dire si l'un est meilleur que l'autre... Chacun me semble avoir ses points forts et ses points faibles. J'ai tenté X-Plane, avec les versions 6 et 7, mais il est trop difficile de bien connaitre à fond les deux plateformes, et en plus d'adapter un home cockpit pour que la compatibilité soit totale avec ces deux simulateurs. Je n'ai donc pour le moment pas poursuivi avec X-Plane, mais... ça chatouille quand même quand on voit ce que fait la version 10...
Ce sera la version qui me verra passer au vol en réseau avec FR-LORR, et qui va me lancer aussi dans la création, et encore dans l'aventure de la compagnie virtuelle Florilair.
Un FS grandiose, qui aujourd'hui encore reste d'actualité et apprécié de nombreux simmers qui ne peuvent changer de machine pour une bête surpuissante indispensable à un FSX dopé. Je le fais tourner sur un Dual Core 7650 que je charge avec deux cartes graphiques, une Matrox Triple Head, et désormais une palanquée de modules Go-Flight.
C'est la période où je passe ma vie dans le "photomaton"... C'est-à-dire ma deuxième cabine...
Nous voilà au "présent", et FSX, très lourd, a commencé à tourner sur mon Dual Core, mais la nouvelle cabine biplace est vraiment groumande. J'ai tenté d'utiliser deux UC, dont une dédiée au visuel extérieur avec un Intel i7. Il me faut donc... deux FSX, et à la version d'origine dopée d'Accélération, il a fallu ajouter un FSX Gold pour la nouvelle UC. Depuis, je suis revenu à une config mono UC, avec trois cartes graphiques... Sorti en 2006, FS X reste la référence 10 ans plus tard. Microsoft a abandonné Flight Simulator, racheté par Steam, et Locheed Martin poursuit le développement de la plateforme sous le nom "Prepar 3D", initialement dédié aux pros, mais vite revenu dans le clan des amateurs. Je ne l'ai pas testé pour l'instant, ma configuration ne pouvant pas supporter davantage tant que je changerais pas l'unité centrale pour un "monstre" au goût du jour.
J'y ai goûté aussi, rassurez vous ! J'ai adoré à sa sortie Tower, qui affichait le radar sol, le radar d'approche, les strips, et même une vue 3D assez remarquable ! Les commandes restaient limitées, mais la jouabilité était excellente.
J'ai aussi utilisé ATC Simulator, beaucoup plus réaliste et technique, et qui vous place uniquement devant l'écran radar... Mais c'est un programme qui demande un investissement total, et j'ai lâché, passant tout de même plus de temps avec FS... qui me permet de faire aussi du contrôle aérien de temps à autre, sur le réseau FR-LORR.
Voilà un résumé de la trentaine d'années (et même plus) à pratiquer la simulation, qui pour moi se distingue complètement de la majorité des jeux sur ordinateurs, par le fait que le but à atteindre n'est pas affiché... On est libre de faire ce que l'on veut, et ça demande d'autant plus d'implication si on ne veut pas s'ennuyer. Et je ne me suis jamais ennuyé au manche de mes simulateurs... La simulation m'a aussi permis de "combler le manque" durant les 18 années où j'ai suspendu le vol réel, mais alors que j'ai repris les vols en aéroclub, je n'envisage pas de cesser la simulation, elle complète le tableau, permet d'explorer des situations, de piloter des avions inaccessibles, de pratiquer du vol aux instruments, de se prendre pour un pilote de ligne avec la navigation au FMC...
Microsoft a cessé de développer Flight Simulator après FSX, ça rend forcément triste quand on a suivi l'évolution sans interruption depuis la version 2 ! Mais d'un autre côté, ça permet enfin de disposer des ordinateurs capables de faire tourner un FS au max de ses capacités, car FSX est sorti en 2006... Il sortait un FS tous les deux ans, nous avons cette version depuis déjà 10 ans et les add-ons continuent à être développés. Même FS9 poursuit une carrière superbe. FSX continue sous le label "Steam", mais évolue aussi en tant que "Prepar3D" de Lokheed Martin.
La tentative de Microsoft de lancer un simulateur "très grand public", Flight, lancé en 2011, s'est terminée après seulement 6 mois... Les simmers n'ont pas du tout aimé, car si les graphismes étaient beaux, le côté arcade ne pouvait les satisfaire, et l'option "gratuit à la base, mais très vide", avec à la clef des additifs à gogo passant par une vente en ligne à la façon des logiciels pour tablettes et smartphone, ça n'était pas non plus pour les simmers... Le grand public non spécialisé préfère, lui, les jeux où l'on se massacre joyeusement... Bref, nous pouvons développer tranquillement pour FS9 et FSX, ces plateformes me semblent avoir encore de très beaux jours devant elles. X-Plane est lui bien parti pour prendre la relève sur le long terme, il a de bons atouts en main.
Que sera la simulation dans 10 ans ? Dans 20 ans ? Dans 30 ans ? Et bien... nous en reparlerons d'ici là ! Et j'espère bien pouvoir encore en parler dans 30 ans...